Paris-Nice, épisode 80 : Raymond Poulidor

23 février 2022 - 12:00

Poulidor, côté sud (V/X)


Depuis 1933, Paris-Nice marque le début des grandes explications pour les champions appelés à briller sur les courses à étapes. Sur la Promenade des Anglais ou au col d’Èze selon les années, on dresse déjà un premier bilan de l’état de forme des favoris pour le Tour de France. À l’occasion de la 80e édition, parisnice.fr revient sur le rôle qu’a joué la Course au soleil dans la carrière d’une dizaine de coureurs ayant noué un lien particulier avec l’épreuve.

S’il n’a jamais réussi à porter le Maillot Jaune tout au long de sa carrière sur le Tour de France, Raymond Poulidor a bien connu le succès sur les routes de Paris-Nice, qui plus est avec la manière : en battant en 1972 et 1973 l’immense Eddy Merckx.


Encore battu par « Maître Jacques »…

Qui a dit que Poulidor ne rimait pas avec records ? Il détient toujours celui du plus grand nombre de podiums sur le Tour de France, mais aussi celui un peu moins commenté de la plus belle collection de dossards de Paris-Nice avec 18 participations, sans aucun abandon à déplorer. Sa carrière professionnelle a démarré sur le tard, en 1960, sous les ordres d’Antonin Magne. Pour sa première course avec un maillot Mercier, le jeune Raymond se met au service de son leader Robert Cazala qui accroche le podium à Nice (3e), puis termine sa semaine satisfait de sa 22e place.

C’est l’année suivante que Poulidor fait réellement connaissance avec son meilleur ennemi, Jacques Anquetil : leur duel n’est pas encore d’actualité, le Normand s’impose nettement tandis que le Creusois se classe 9e. Mais trois jours plus tard, Poulidor s’impose sur Milan-SanRemo, prouvant qu’il fait assurément partie des champions qui comptent. Les années suivantes, le récit de ses péripéties niçoises colle avec les mésaventures en série et les affronts qu’il subit sur le Tour, avec deux exemples éloquents.

En 1966, Poulidor bat Anquetil sur un chrono disputé en Corse à l’île-Rousse et entrevoit la victoire. Mais le lendemain, sur l’étape finale de Nice, il est harcelé par Anquetil qui parvient à le dévêtir pour remporter son 5e titre sur l’épreuve.

Trois ans plus tard, Poulidor est presque idéalement positionné pour déloger Eddy Merckx à l’occasion du premier chrono organisé au col d’Eze. Mais le verdict du millésime 69 est cruel. Au sommet, « Poupou » hérite encore de la deuxième place finale, coincé sur le podium entre les deux cauchemars de sa carrière : Eddy Merckx et Jacques Anquetil. L’histoire d’une vie racontée en 9,5 km d’ascension !

… mais plus fort que le « Cannibale »

À la différence du Tour, Paris-Nice éclaire le destin de Poulidor de fabuleux rayons de soleil. Merckx entame l’édition 1972 à son apogée et échange son maillot de champion du monde avec le maillot blanc dès le prologue, sur lequel Poulidor se classe évidemment 2e. Le mano a mano se poursuit toute la semaine et au moment de se lancer sur le chrono décisif du col d’Eze, « Poupou » accuse toujours un retard de 16’’. Impérial tout au long de la montée, il colle 22’’ à Eddy et remporte donc la Course au soleil avec 6’’ d’avance !

La scoumoune, c’est désormais du passé pour Poulidor, qui inaugure le palmarès de la toute nouvelle formation Gan-Mercier Gan-Mercier dirigée par Louis Caput et managée par son complice Claude Sudres..

Pour la défense de son titre, c’est encore avec Merckx que Raymond doit batailler. Sûr de sa force, il laisse le Belge faire la course en tête et mise tout sur le chrono d’Eze du dernier jour. Au sommet, le podium du classement général final le plus serré de l’histoire est dominé, c’est presque un comble, par Poulidor : avec 4’’ d’avance sur Zoetemelk, 12’’ sur Merckx. À 37 ans, il signe l’un des derniers et plus éclatants succès de sa carrière.


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