Paris-Nice, épisode 80 : Jacques Anquetil

18 février 2022 - 12:00

Anquetil, la machine à gagner (III/X)


Depuis 1933, Paris-Nice marque le début des grandes explications pour les champions appelés à briller sur les courses à étapes. Sur la Promenade des Anglais ou au col d’Èze selon les années, on dresse déjà un premier bilan de l’état de forme des favoris pour le Tour de France. À l’occasion de la 80e édition, parisnice.fr revient sur le rôle qu’a joué la Course au soleil dans la carrière d’une dizaine de coureurs ayant noué un lien particulier avec l’épreuve.

Jacques Anquetil, le premier quintuple vainqueur du Tour, a aussi remporté Paris-Nice à cinq reprises, avec une méthode et un timing quasi-identiques.


Le chrono comme arme fatale

La puissance à l’état pur, une technique et une économie de gestes qui atteignent la perfection, voilà le ressorts de Jacques Anquetil pour dominer jusqu’à l’humiliation tous ses adversaires contre la montre, y compris dès sa première sortie en tant que coureur professionnel, pour le compte de la formation La Perle sur le Grand Prix des Nations 1953. Sa réputation de rouleur phénoménal est déjà faite lorsqu’il se présente sur son premier Paris-Nice, qui devient d’ailleurs Paris-Côte d’Azur en 1954. Il se montre à la hauteur sur les 51 km de chrono individuel au programme de la dernière étape entre Cannes et Nice, avec 29’’ d’avance sur le vainqueur du classement général, Raymond Impanis. Trois ans plus tard, en 1957, ce n’est plus seulement un bouquet que le Normand vient chercher sur la Course au soleil, mais bien le maillot de leader du classement général, qu’il endosse au terme du contre-la-montre gardois dessiné entre Alès et Uzès avant de s’adjuger sa première course à étapes. Autant dire que la méthode Anquetil vient d’être officiellement déposée : solide en montagne pour sa première participation au Tour de France, il construit le plus gros de son avantage sur ses deux succès dans l’exercice solitaire, à Barcelone puis à Libourne. L’ère Anquetil est bel et bien ouverte.  

Anquetil vs « Poupou », au printemps comme en été

Si Maître Jacques utilise la même formule gagnante sur Paris-Nice et sur le Tour, il connait également des passages à vide concomitants. Car les trois années suivantes sont surtout marquées par des bisbilles lourdes de conséquences, la rivalité avec Louison Bobet et les querelles de clans transformant l’équipe de France en machine à perdre. Les nuages se dissipent : avec la perspective des retraites de Bobet et de Geminiani, Anquetil retrouve les coudées franches en 1961. Sur Paris-Nice, le trou normand est fait sur les 43 km du contre-la-montre de Vergèze. Ce deuxième succès s’accompagne en écho d’un deuxième Maillot Jaune en juillet, conquis dès le chrono du premier jour du Tour et promené jusqu’à Paris. C’est aussi pendant cette année que se précise un nouveau duel au long cours, avec le jeune Raymond Poulidor, marquant les éditions suivantes de la Course au soleil et du Tour. À l’orée du printemps comme en plein été, Jacques Anquetil écœure quasi-systématiquement « Poupou » et termine sa série de victoires en 1966 avec une cinquième couronne niçoise, son ultime succès dans une course par étapes. Même en retrait lors de sa dernière saison, sous les couleurs de l’équipe Bic, il livre un combat épique sur l’édition 1969, qui s’achève avec un podium de légende : 1. Eddy Merckx ; 2. Raymond Poulidor ; 3. Jacques Anquetil. La relève est bien en place.


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